Mon avis sur The OA : 17/20
19/8/2017
Prairie Johnson réapparaît après sept ans d'absence. Disparue subitement, l'enfant était aveugle à son retour, elle ne l'est plus. Qu'a-t-il bien pu lui arriver ? C'est ce que vont tâcher de découvrir son entourage, la science et même le FBI. Entourée du plus grand secret (la production n’ayant quasiment jamais communiqué sur ce projet durant 18 mois), Netflix nous propose une création originale signée de deux espoirs du cinéma indépendant américain. Comptant huit épisodes, The OA débute «lorsqu’une jeune fille aveugle qui avait disparu depuis des années, Prairie Johnson (Brit Marling) ressurgit dans la petite ville où elle a grandi. Elle a désormais retrouvé la vue : certains la considèrent comme un miracle vivant, d’autres comme un dangereux mystère. Prairie refuse de parler au FBI ou à ses parents des sept années pendant lesquelles elle a disparu». Impossible de parler de cet OVNI télévisuel sans parler de ses créateurs. Brit Marling confirme une fois de plus son talent Brit Marling (qui interprète donc le rôle principal) plonge dans le cinéma indépendant depuis le tout début de sa carrière. En 2011, elle coécrit, coproduit et joue dans les films Sound of My Voice et Another Earth, tous deux présentés au Festival du film de Sundance. Des prestations admirées de toutes les critiques, une fragilité semble émaner de son jeu d’actrice, parvenant à émouvoir plus d’une fois l’auditoire. Elle a travaillé sur quasiment tous ses projets en collaboration avec Zal Batmanglij, et la règle ne change pas pour The OA. Une ambiance et une bande son très travaillé The OA, c’est avant tout une ambiance… Dès les premières minutes, dès que résonne le magnifique thème musical, on sent que nous ne sortirons pas indemne de cette série… Une mélancolie teintée d’espoir submerge tous les épisodes. Ajoutons à cela une réalisation au diapason, qui se montre sensible, les choses étant plus suggérées que dites. En tant que spectateur, on réalise très rapidement que l’univers qui nous est présenté va nous happer, et même si le rythme est un peu lent, les questions entourant Prairie vont titiller notre curiosité. On a besoin de savoir ce qui lui est arrivé… Des personnages secondaires qui apporteront deux thèmes majeurs Mais Prairie n’est pas le seul personnage fascinant de la série. Tout autour d’elle va graviter un panel de seconds rôles particulièrement bien écrits et interprétés. Et c’est ce groupe qui va permettre de creuser les deux thèmes de The OA. Il y a tout d’abord une notion d’équilibre. En effet, tout le casting se retrouve en équilibre, que ce soit entre deux mondes, entre deux attitudes, entre deux vies possibles. Michelle, la jeune ado qui se sent garçon au fond d’elle. Steven, qui s'enfonce dans la violence et la petite délinquance mais parvient à peine à cacher une sensibilité à fleur de peau. Cette notion d’équilibre se retrouve même dans le décor, à savoir une banlieue à demi-construite, entre la ville et la campagne… Le deuxième thème abordé, c’est tout simplement l’emprisonnement. Le récit multiplie les situations d’enfermement : emprisonnement dans un système scolaire qui est fait pour exclure les plus faibles, enfermement dans un corps que la maladie détruit inexorablement, enfermement dans une réalité trop étroite… Et le grand paradoxe de The OA, c’est de nous parler au final de la liberté qui passe par un repli sur soi, une liberté qu’on trouve en notre for intérieur. On ressort de The OA avec énormément de questions, aussi bien sur ce qu’on vient de voir que sur notre propre vie… La scène finale de cette saison 1 est d’une telle force émotionnelle, le pouvoir du collectif est tellement puissant qu’on ne peut s’empêcher d’y penser sur notre propre vie, sur notre passé et sur notre avenir… En résumé The OA divisera forcément le public. Certains la qualifieront d’excellente, de poétique, de sensible. Et d’autres emploieront les termes de « barré », à la limite du psychédélique. Et paradoxalement, tout le monde aura un peu raison. La force de The OA, c’est qu’elle prend le risque de perdre son spectateur et c'est rare de voir une série tenter cela aujourd'hui. Au final, qu’on aime ou qu’on n’aime pas, The OA est une série qui se vit, se ressent. Le projet peut dérouter, mais il a le mérite de nous bousculer. Et rien que pour cela, merci Prairie. Article : David
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