Notre avis sur to the bone : 17/20
3/8/2017
Ellen a 20 ans et est anorexique. Elle a passé la plus grande partie de sa vie à suivre différents programmes afin de se soigner. Déterminée à l'aider, sa famille l'envoie dans un centre spécialisé dirigé par un médecin non conventionnel. Surprise par les règles du centre et charmée par son nouvel entourage Ellen va tenter de se reconstruire et s'accepter. À l'heure où le cinéma reste pour la plupart du temps sur ses acquis, Netflix sort des sentiers battus et nous propose des films qui sortent de l'ordinaire notamment avec "To the bone". Ce film a été réalisé par Marti Nixon et est sorti début 2017 pour le festival du film de Sundance. Un long métrage ayant pour sujet principal l'anorexie, un thème peu souvent abordé sûrement dû par sa complexité. Ce film a été écrit via de vrais témoignages concernant les troubles alimentaires, c’est ce qui fera la grande force du film et en résultera son réalisme. Tout au long de ce film, nous voyons évoluer la jeune Ellen âgée de 20 ans, passionnée de dessin et souffrant d'anorexie mentale. Nous allons pouvoir appréhender l'anorexie et l'impact que cette maladie peut avoir sur les personnes qui en sont atteintes, ainsi que leur entourage. Elle a passé la plus grande partie de sa vie à suivre différents programmes afin de se soigner. Déterminée à l'aider, sa famille l'envoie dans un centre spécialisé dirigé par un médecin peu conventionnel. Surprise par les règles du centre et charmée par son nouvel entourage Ellen va tenter de se reconstruire et de s'accepter. Des personnages à la recherche de soi-même L’élément central : c’est la maladie, cependant le film va bien plus loin que le simple « je veux maigrir plus ». Le pire peut être est de ne pas savoir pourquoi on agit comme ça. Montrer la maladie comme une drogue et une obsession, le film ira même évoquer la petite voix intérieure qui influence les ados à ne pas manger. Ellen : personnage central Si on revient sur le personnage d’Ellen, joué par Lily Collins qui a elle-même souffert de troubles alimentaires, l’actrice s’en sort très bien et cela en est même assez troublant lorsqu'on découvre son corps amaigri au début du film. Une performance d'actrice à saluer, non déméritant du fait qu'elle soit la fille de Phil Collins. Son personnage au ton quelque peu sarcastique, avec des tenues souvent larges pour dissimuler sa maigreur recherche continuellement à savoir pourquoi. Quelques indices y sont exposés pourtant : un père absent, un divorce, une culpabilité après le suicide d’un fan qui s'identifiait aux dessins de son blog. Beaucoup de raisons pouvant en être la cause, seul la volonté de s’en sortir est à trouver. En effet, Ellen se questionne beaucoup sur le monde qui l'entoure, sur son entourage, sa maladie dont elle pense avoir le contrôle. Jusqu'au jour où elle fera la rencontre du Dr Beckham brillamment interprété par Keanu Reeves, ce dernier l'amènera à faire un pas vers la guérison, " je veux bien t'aider si tu me prouves que tu veux vivre". Ellen et sa famille Ellen est une jeune fille ayant des parents divorcés. Elle vit actuellement chez son père qui brille par son absence et qui sera parfaitement illustré tout au long du film, peut-être est-ce dû à sa difficulté d'appréhender la maladie de sa fille? Un père qui a refait sa vie avec une femme ayant une fille qui est dans les mêmes âges qu'Ellen, prénommé Kelly. Cette dernière aura une place importante dans le combat d'Ellen, d'autant plus qu'elles se considèrent comme des sœurs. Elle n’hésite pas à lui dire aussi de se battre et de guérir pour ne pas reprendre ses mots : « Si tu meurs, je te jure que je te tues ». C’est d’ailleurs le seul personnage lors de la thérapie familiale qui réagit de façon constructive. La jeune fille est même très lucide quant à la situation d'Ellen, elle apporte quelque chose de pertinent car outre le fait de vouloir trouver une explication comme la plupart du reste de l'entourage d'Ellen, elle est plus dans la recherche de la solution pour que cette dernière puisse guérir que d'une explication. Quant à sa belle-mère, elle a une personnalité quelque peu envahissante voir même maladroite dans ses propos, elle fera de la guérison d'Ellen sa priorité. Puisque c'est elle qui emmènera Ellen à rencontrer le Dr Beckham, vu comme une dernière solution à la guérison. Une approche de la famille recomposée parfaitement bien menée. On apprend qu'elle est venue vivre que depuis peu chez son père. Auparavant, elle vivait à Phœnix chez sa mère qui vie avec une autre femme, sujet sensible qui selon la belle-mère pourrait être la cause du mal être d'Ellen l'ayant fait plonger dans l'anorexie. Sa mère a une personnalité un peu pathologique abordant la maladie de sa fille comme elle le peut. Elle pense même être responsable de sa maladie car elle a souffert de dépression post partum et n'a donc pas pu s'occuper de sa fille quand elle était bébé, et donc la nourrir. Nous assisterons donc à une scène forte où l'on verra la mère nourrir Ellen au biberon, une illustration forte de la culpabilité de cette dernière. Une famille avec des liens assez conflictuels mais qui essayeront selon leurs propres moyens d'aider la jeune fille. Comment réagir quand un proche meurt sous vos yeux et que vous ne pouvez rien faire ? C'est la question centrale du film en plus de parler correctement de la maladie. Un centre peu conventionnel Le Dr Beckham a développé une méthode bien à lui pour s'occuper des personnes atteintes de troubles alimentaires. En effet, il sort des sentiers battus des prises en charges habituelles des hôpitaux en les accueillant dans une petite maison dans un quartier résidentiel. Outre son approche différente, car pour lui s'ils acceptent de venir dans le centre c'est pour chercher à guérir et il ne les considère pas comme des malades. Nous voyons évoluer 6 personnages dans cette maison, abordant différents cas de troubles alimentaires et surtout à des âges différents. Les troubles alimentaires touchant plus généralement un public féminin, cependant elle touche aussi les garçons et cela est bien souligné par le personnage de Luke. Il est intéressant de mettre l'accent sur le fait que tout le monde peut être touché par les troubles alimentaires. Le petit groupe fonctionne bien, avec des personnalités bien à eux ayant un but commun : le chemin de la guérison. Les personnages sont assez bien développés, on peut les voir évoluer et interagir entre eux. Notamment, un sujet les rapprochera tout particulièrement : la grossesse d'une des pensionnaires du centre vu comme un miracle. Revenons sur le personnage de Luke, c'est un jeune homme passionné de danse, assez troublant par sa joie de vivre et son désir de donner l’envie aux autres de guérir malgré le fait qu’il souffre lui-même de troubles. Le fait que ce personnage veuille aider absolument les autres est révélateur de sa personnalité, sa famille le délaissait donc aider les autres est un besoin vital. Il fera de sa passion pour la danse un élément central de sa guérison jusqu'à l'arrivée d'Ellen où une relation de complicité naîtra entre eux, les amenant même à se questionner. Le film rythmé malgré la force de son sujet Le film maitrise son sujet certes, mais il ne s’agit pas non plus d’un documentaire et l’histoire plutôt intéressante à suivre car on évite au maximum les clichés sur nos jeunes adultes. Les dialogues sont plutôt bien fournis même si parfois on essaye d’être trop philosophe sur « quel est ma place sur terre » cela reste tout de même intéressant. Un des moments marquant du film c'est lorsque le Dr Beckham emmènera le groupe dans un musé. Ils arriveront médusés devant une pièce où il pleut. Il les questionnera sur leur présence ici : "Quelqu'un peut me dire pourquoi nous sommes ici?", "c'est parce que nous sommes en vie" rétorquera Luke. Nous les verrons tous danser dans cette pièce sous la pluie, comme si l'envi de vivre passait par des plaisirs simples. Il veut leur faire aimer la vie pour qu'ils s'en sortent, comme une renaissance. Au cinéma lorsque la pluie est filmée, c’est utilisé de façon symbolique pour mettre en scène une renaissance. La renaissance est également un grand thème dans le film. La renaissance : entre malaise et symbole Une scène vous mettra forcément mal à l’aise mais le symbole est tout de même présent. Lorsque Judy, la mère d’Ellen joué par l’excellente Lili Taylor (Conjuring, six feet under..), lui raconte l’histoire de sa naissance comme évoqué plus haut concernant sa dépression post partum. Elle lui demande si elle peut la nourrir avec un biberon. Si la demande de la maman semble repoussante, Ellen accepte et boit le biberon. Quand une maman viens d’avoir un enfant, le but premier est de protéger son enfant, on le nourrit pour ne pas qu’il meurt de faim, c’est la première protection vitale pour l’enfant. Ellen a 20 ans mais meurt de faim, tout comme à sa naissance la maman protège sa fille de la mort. Cette scène parait vraiment repoussante mais tellement belle au finale quand on en connait le sens. En résumé To the bone est un film qui paraît simpliste mais remplit de symboles et de mise en scène qui remplit de force son sujet à savoir : les troubles alimentaires. Les acteurs sont totalement impliqués et font la force du film. Même si le sujet est difficile, le film reste rythmé et son scénario solide pour éviter le côté documentaire. A la fois passionné et une production qui ose la prise de risque, To the Bone est un film nécessaire qui maitrise son sujet. Il est vrai que ce n'est pas chose facile à faire que d'aborder l'anorexie au cinéma. Et pourtant, To the bone aura su mettre en avant ce sujet qui reste tabou. La réalisatrice a su sortir des sentiers battus, il n'y a pas de début ni de fin, ils nous offrent juste un moment de la vie d'Ellen dans la recherche de sa guérison. Article : Gautier et Maurane
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